Tests Euro NCAP : les ADAS des utilitaires moins sûres que celles des VP
La crise sanitaire fait croître le nombre de livraisons à domicile. Pour exemple, « Mondial Relay a vu son nombre de colis augmenter de 40 % » en novembre 2020 par rapport à 2019, selon le quotidien Le Figaro. En conséquence, « le nombre de véhicules utilitaires qui circulent sur les routes augmente », affirme European New Car Assessment Programme ou Euro NCAP. L’organisme, spécialiste des tests des équipements de sécurité et des systèmes avancés d’aides à la conduite (ADAS) des véhicules particuliers, s’est intéressé cette année à ceux des véhicules utilitaires légers (moins de 3,5 tonnes).
Des tests de performance des ADAS
Selon le protocole Euro NCAP Safety Assist, les ADAS étudiées comprenaient : le freinage automatique d’urgence (AEB) vis-à-vis de différents usagers (véhicule, piéton, cycliste), l’assistance de maintien dans la voie, l’assistance à la vitesse ainsi que la surveillance de l’état des occupants (port de la ceinture de sécurité et état de conduite).
Pour ses tests, Euro NCAP a sélectionné 19 fourgons. Ces derniers représentaient 98 % des utilitaires les plus vendus au sein du marché européen en 2019.
Lors de l’expérimentation, chaque camionnette transportait la moitié de sa masse maximale de chargement autorisée, soit l’équivalent d’une charge quotidienne pour un véhicule utilitaire. Un score global a été ensuite attribué à chaque fourgonnette en fonction des résultats de chaque système.
Un nombre d’ADAS insuffisant
« Notre étude de montage révèle que les équipements ADAS sur les véhicules utilitaires en Europe sont généralement médiocres, contrairement à ceux des voitures particulières (VP) », révèle Euro NCAP. L’organisme pointe que l’installation de certaines technologies est facultative dans certains pays et que les constructeurs automobiles ne donnent pas d’informations suffisamment claires sur la disponibilité de leurs ADAS.
Pour appuyer son propos, l’organisme a listé les équipements disponibles en fonction du type de camionnette et du pays. « Par exemple, l’AEB en option sur le Renault Master n’est pas disponible sur le Nissan NV400 qui sort pourtant de la même chaîne de production », illustre-t-il. Selon EuroNCAP, Ford, Volkswagen et Mercedes-Benz sont les meilleures marques en termes de disponibilité, tandis que Fiat, Nissan et Renault sont moins bonnes.
Concernant les équipements de sécurité, « sur 19 modèles de fourgonnettes examinés, seuls six sont équipés de série de deux airbags frontaux et aucun n’est équipé d’airbags rideaux – interposés entre l’occupant avant et arrière et la vitre – et latéraux de série », précise Euro NCAP. C’est surtout la protection du passager qui est négligée. En effet, le rappel de la ceinture de sécurité, les limiteurs de charge sur la ceinture de sécurité et les airbags sont souvent absents côté passager avant, alors qu’ils sont généralement de série pour le conducteur.
Des inégalités selon les modèles et surtout les marques
Du côté des ADAS, si les systèmes des VUL ont relativement bien fonctionné lors des tests, Euro NCAP a observé des différences notables par rapport à ceux des VP. Peu d’utilitaires offrent les fonctionnalités les plus récentes telles que la détection des piétons et des cyclistes, des technologies pourtant utiles en milieu urbain. D’autres sont équipés de systèmes d’assistance au changement de voie, de détection des angles morts, d’avertissement de sortie de voie ou d’assistance au maintien sur la voie, mais les tests ont révélé qu’ils ne sont pas aussi efficaces que ceux des VP. Par exemple, l’assistance à la vitesse s’active principalement de manière manuelle et n’affiche pas la limitation de vitesse.
Dans le détail, Euro NCAP a établi un classement des performances des systèmes de sécurité et d’ADAS en fonction des modèles. Le Volkswagen Transporter, le Ford Transit et le Mercedes-Benz Vito occupent le podium, avec des scores respectivement de 65 %, 63 % et 61 %. Le Ford Transit Custom (58 %), le Mercedes-Benz Sprinter (52 %), le Volkswagen Crafter (44 %) et l’Opel Vivaro (42 %) ont reçu quant à eux la médaille d’argent.
Le bronze récompense ensuite les Citroën Jumpy (37 %) et Jumper (32 %), le Toyota Proace (35 %), le Peugeot Boxer (33 %), l’Iveco Daily (30 %) et le Fiat Ducato (28 %). Enfin, Euro NCAP ne recommande pas le Nissan NV400 (12 %), l’Opel Movano (7 %), le Fiat Talento (5 %) ainsi que les Renault Master (16 %) et Trafic (11 %). Pour cause, ces utilitaires sont très peu, voire non équipés de systèmes de sécurité ou d’ADAS.
Peu de protection en cas de collision
Par ailleurs, Euro NCAP s’est intéressé à l’autoprotection (protection contre les collisions de la camionnette elle-même) et à la compatibilité entre les utilitaires et les VP (protection des occupants de l’autre véhicule).
Résultat : « les accidents impliquant les camionnettes sont généralement plus graves pour les autres véhicules impliqués. » D’une part, parce que la durée de vie économique et le nombre total de kilomètres parcourus des utilitaires dépassent généralement ceux des voitures particulières. D’autre part, le désalignement géométrique des VUL – plus hauts, plus lourds et plus rigides – tend à pénaliser les occupants des VP en cas de collision, augmentant le risque de blessures graves ou de décès.
À titre d’exemple, Euro NCAP a effectué un test de compatibilité entre un Nissan NV400 à moitié chargé (2,8 t) et un SUV compact Nissan Juke. « Même si les dispositifs de retenue des occupants du Juke fonctionnent bien, cela ne peut empêcher la forte décélération et les grandes intrusions causées par la rigidité longitudinale du côté conducteur de la camionnette », conclut Euro NCAP. Des résultats confirmés par les essais de l’utilitaire face à la barrière mobile déformable progressive (MPDB) qui permet de modéliser des collisions frontales. L’organisme juge donc primordial d’améliorer la compatibilité automobile entre tous les types de véhicules sur la route. D’autres scénarii devraient suivre pour d’autres modèles…
Plus d’uniformité dans les équipements des utilitaires
Euro NCAP appelle à « normaliser les équipements de sécurité des fourgons commerciaux afin d’anticiper le règlement de sécurité générale de l’Union européenne – prévu pour mai 2022 – pour améliorer les performances de leurs ADAS pour correspondre à celle des VP ». Il exige des fabricants qu’ils clarifient les caractéristiques de sécurité de leurs véhicules. En attendant, il encourage les opérateurs de flotte à opter pour un véhicule utilitaire dont le score atteint au minimum le niveau argent, selon son classement, pour leur prochain achat.