Sécurité : le tout-tactile, ce nouveau danger pointé par Euro NCAP
L’organisme indépendant évaluant la sécurité des véhicules récemment mis sur le marché souhaite obliger les constructeurs à réadopter les commandes physiques dans leurs habitacles en introduisant de nouvelles directives pour 2026. De quoi sonner le glas de l’actuelle tendance tout-tactile ?
Qui, en entrant dans une voiture moderne, n’a pas été déconcerté en recherchant les habituels boutons de commandes et en découvrant qu’ils avaient été remplacés par des touches tactiles ? Dans un souci de sobriété esthétique ou de démonstration technologique, les constructeurs sont en effet de plus en plus nombreux à céder à l’hégémonie du tout-tactile pour piloter les fonctionnalités intégrées au tableau de bord. Un phénomène qui agace autant qu’il inquiète l’Euro NCAP.
Après s’être alarmé du poids croissant des véhicules, l’organisme chargé de contrôler la sécurité des voitures commercialisées en Europe a donc précisé dans sa feuille de route « Vision 2030 » que son futur protocole de crash tests avantagera désormais les boutons de commandes physiques, en plus de mettre l’accent sur les aides à la conduite embarquées et les systèmes de sécurité connectés. Un prérequis confirmé par les déclarations de Matthew Avery, directeur du développement stratégique de l’Euro NCAP, auprès du média américain Ars Technica.
Où sont les boutons ?
« L’utilisation excessive des écrans tactiles est un problème à l’échelle de l’industrie, presque tous les constructeurs automobiles déplaçant les commandes clés sur des écrans tactiles centraux, obligeant les conducteurs à quitter la route des yeux et augmentant le risque d’accidents dus à la distraction » a ainsi déploré Matthew Avery. De fait, « les nouveaux tests Euro NCAP prévus pour 2026 encourageront les constructeurs à utiliser des commandes physiques séparées pour les fonctions de base de manière intuitive, limitant ainsi le temps passé hors de la route et favorisant ainsi une conduite plus sûre. »
Ce retour imposé des commandes physiques devrait toutefois se limiter aux manettes des clignotants, feux de détresse, essuie-glaces, klaxon et au système d’urgence eCall, obligatoire en Europe pour tous les nouveaux modèles homologués depuis le 1er avril 2018. Une décision qui pourrait néanmoins porter préjudice à bon nombre de modèles récents, notamment de la marque Tesla, déjà écartés des flottes d’auto-écoles norvégiennes pour leur excès de numériques et de boutons haptiques. Pour exemple, la Tesla Model 3 restylée a tout bonnement abandonné les commodos et les clignotants s’avèrent disposés sur les branches du volant, ce qui demande de nouveaux automatismes de conduite pas toujours des plus intuitifs.
Date : 12/03/2024
Auteur : Clotilde Gaillard – L’Automobile & L’Entreprise