Y-a-t-il vraiment une corrélation entre la puissance des voitures et le nombre d’accidents ?
Si nous pouvons être tentés de penser que les véhicules puissants ont le plus de risque d’être impliqués dans un accident, qu’en est-il vraiment ? L’entreprise carVertical, spécialisée dans la data automobile, a mené l’enquête en se basant sur les historiques dont elle dispose.
« Il a pris la voiture de papa pour aller s’amuser inconsciemment. » Prononcée par policiers comme gendarmes, cette phrase se retrouve dans l’écrasante majorité des émissions dédiées aux « chauffards de la route » que l’on peut visionner sur la TNT tout au long de la semaine. Les images montrent généralement la même chose : un jeune conducteur arrêté en grand excès de vitesse à bord d’un modèle sportif appartenant à ses parents. Une manière efficace de perdre son permis de conduire récemment obtenu. Car de manière générale, les jeunes conducteurs optent plutôt pour des véhicules abordables et guères puissants. Au-delà de l’aspect financier, c’est un choix encouragé par l’entourage mais également par les compagnies d’assurance, jamais motivées à l’idée de couvrir un nouvel automobiliste dans une voiture sportive.
Le style de conduite comme premier facteur
La raison à cela est on ne peut plus simple. On craint, à juste titre, qu’un modèle puissant soit utilisé à mauvais escient par un conducteur peu expérimenté. Le risque de perte de contrôle est accru. Les accidents peuvent donc arriver plus fréquemment, et à des gravités inquiétantes. Mais cela concerne également les automobilistes aguerris. La puissance d’un véhicule peut influer sur le danger, mais la façon de conduire – qui est propre à chacun – reste l’élément crucial. Un chauffard inconscient sera plus dangereux en Renault Clio IV 1.5 DCI qu’un conducteur prudent en Volkswagen Golf R. Spécialisée dans les données automobiles, l’entreprise carVertical a néanmoins souhaité mener l’enquête sur les historiques d’accidents, en fonction de la puissance des modèles d’une quarantaine de marques.
Corrélation confirmée entre puissance et accidents
Le tableau qui nous a été communiqué par les équipes de carVertical est sans appel. Pour chacun des constructeurs étudiés, la catégorie la plus puissante est également la plus concernée par les dommages liés à des accidents. Prenons l’exemple de Jeep : les quelques modèles de plus de 400 chevaux – notamment la gamme Trackhawk – sont à 30,3 % touchés par des accidents, contre 21,9 % pour ceux de moins de 100 chevaux. carVertical nous précise que leurs données prennent en compte les historiques sans limite d’âge des véhicules. Autre exemple avec BMW, marque la plus concernée avec déjà 60,3 % de ses modèles de moins de 100 chevaux concernés ; et 68,6 % pour ceux dépassant les 400 chevaux.
Parmi les constructeurs dont les modèles peuvent atteindre une telle puissance, Alfa Romeo se distingue avec le taux d’accidents le plus faible : seulement 28,8 % de ses voitures de plus de 400 chevaux, et 20,3 % pour celles de moins de 100 chevaux. Aussi surprenant que cela puisse paraître, « nous n’avons trouvé aucun fabricant de voitures dont les modèles avec des moteurs peu puissants étaient plus susceptibles d’être impliqués dans des accidents que leurs modèles plus puissants », commente Matas Buzelis, expert automobile chez carVertical. Les historiques de la plateforme ne montrent aucune exception au phénomène. L’écart le plus faible se retrouve chez Dodge, où les modèles de moins de 100 chevaux sont touchés à 30,7 % ; et à 31,2 % pour ceux allant de 100 à 200 poneys.
Les moyennes de puissance des marques
Durant ses recherches, Matas Buzelis a également constaté que les acheteurs de véhicule d’occasion vérifiant les historiques sur carVertical le font principalement avec des véhicules de grosse cylindrée. Il s’est donc amusé à calculer la puissance moyenne de chaque marque vérifiée sur sa plateforme. Bentley arrive en première position avec 564 chevaux en moyenne. Son principal concurrent Rolls-Royce n’est pas dans la liste des constructeurs étudiés par carVertical dans cette enquête. Maserati (364 chevaux), Cadillac (359 chevaux), Tesla (358 chevaux) et Porsche (349 chevaux) complètent le haut du classement. Pour le reste, la moyenne de puissance de Smart est la moins élevée (80 chevaux), quand celle de Peugeot atteint les 133 chevaux.
Date : 13/03/2024
Auteur : Jérémy LEQUATRE-GARAT – Décision Atelier
