GSR 2. Les nouvelles règles de sécurité pour les véhicules en Europe
Pour les constructeurs automobiles, il n’y a pas que les normes antipollution qui sont contraignantes. Une autre, consacrée à la sécurité cette fois, va devenir obligatoire dès le 7 juillet 2024 pour tous les véhicules particuliers neufs vendus en Europe : le GSR 2 (General Safety Regulation). Jusqu’ici, cette réglementation était seulement appliquée aux nouveaux véhicules homologués depuis le 7 juillet 2022. C’est en partie à cause d’elle que les Renault Zoe et Twingo mettront fin à leur carrière d’ici à cet été. C’est aussi elle qui contraindra les Porsche Macan thermiques ou Toyota GR86 à quitter le Vieux Continent prématurément. Quant à l’Alpine A110, elle se verra obligée de réduire sa production en Europe pour être exemptée. Ce texte s’applique, en effet, aux modèles diffusés à plus de 1 500 exemplaires dans l’Union européenne. À quoi correspond le GSR 2 ? L’argus vous résume les principales nouveautés apportées par ce règlement 2019/2144 du Parlement européen et du Conseil.
Qu’est-ce que la norme GSR 2 ?
Le volet le plus copieux et le plus médiatisé porte sur l’ajout de nouvelles aides à la conduite. Beaucoup d’entre elles étaient déjà quasi généralisées, notamment sous la pression d’Euro NCAP, qui exigeait leur présence pour obtenir la note maximale au crash test. Mais elles n’étaient pas obligatoires pour autant. Un constructeur comme Dacia avait d’ailleurs choisi de se dispenser de l’aide au maintien dans la file sur ses Sandero et Jogger pour des raisons de coûts. À partir du mois d’avril, la marque roumaine rentrera dans le rang en mettant à jour ses modèles.
Seuls les rares véhicules encore dotés d’une direction à assistance hydraulique auront un délai de deux ans supplémentaires pour s’adapter. En revanche, ils n’échapperont pas à la détection de trafic en marche arrière, aux systèmes d’alerte de somnolence et de perte d’attention du conducteur ou encore au freinage d’urgence automatique. Pour ce dernier, il faudra toutefois attendre le 7 juillet 2026 pour que la détection des piétons et cyclistes devienne également obligatoire sur tous les véhicules neufs. Le 7 juillet 2024, cette fonctionnalité sera seulement imposée pour les nouvelles homologations, tout comme « l’avertisseur avancé de distraction du conducteur ». L’installation d’un éthylomètre antidémarrage, qui peut être ordonnée par la justice dans certains cas, devra par ailleurs être facilitée à partir de cette date.
Une nouvelle réglementation GSR 2 2024 qui fait beaucoup parler
Deux nouveautés de ce texte ont fait particulièrement parler d’elles depuis quelques années. L’une est l’enregistreur de données numériques, qui a souvent été surnommé « boîte noire ». Ce boîtier électronique récupère et stocke des informations avant, pendant et après un accident. Mais il ne va pas jusqu’à écouter vos conversations, contrairement à son équivalent officiant dans le monde de l’aviation. La réglementation prévoit en outre que ses données soient anonymisées et qu’elles ne soient utilisées ni par les forces de l’ordre ni par les compagnies d’assurances. Seules les autorités nationales sont censées y avoir accès, « pour les seuls besoins de l’étude et de l’analyse des accidents ».
L’adaptation intelligente de la vitesse aura bien plus d’impact sur votre quotidien. Elle devra en effet « aider le conducteur à maintenir une vitesse appropriée à l’environnement routier » en s’adaptant automatiquement aux limitations en vigueur. Pour récupérer cette information parfois très fluctuante, les constructeurs ont le choix entre utiliser une caméra capable de lire les panneaux, se baser sur les données du GPS ou combiner les deux. Mais, comme aucun de ces systèmes n’est infaillible, le législateur a prévu la possibilité d’éteindre ce limiteur de vitesse intelligent. Dommage que certains constructeurs rendent cette manipulation si complexe, à l’image de Toyota sur ses derniers modèles. Surtout que la réglementation stipule aussi que ces divers équipements doivent être réactivés par défaut à chaque redémarrage du véhicule.
Des crash tests plus sévères
Il serait faux de résumer GSR 2 aux seules assistances électroniques à la conduite. Cette norme prévoit aussi des modifications dans d’autres domaines, qui visent souvent à appliquer des réglementations de l’Organisation des Nations unies (ONU). La protection du véhicule contre les cyberattaques sera renforcée. D’après nos confrères allemands d’Automobilwoche, c’est d’ailleurs pour cette raison que le Porsche Macan thermique va être arrêté en Europe, alors qu’il va poursuivre sa route sur d’autres marchés. Un ingénieur de Suzuki nous a même récemment confié que GSR 2 imposait une géolocalisation plus précise qu’auparavant, ce qui revenait à rendre le GPS intégré quasi obligatoire. Cela a poussé la marque japonaise à désormais fournir la navigation de série sur la nouvelle Swift. Mais cela n’empêchera pas certaines marques de continuer à vous la vendre en option ou à la réserver aux finitions supérieures…
Le texte prévoit également du neuf en matière de sécurité passive, avec des crash tests plus complets. Ils se rapprocheront davantage de ceux qui étaient déjà pratiqués par l’organisme indépendant Euro NCAP. Un choc arrière, un choc latéral contre un poteau et un choc frontal sur toute la largeur seront notamment requis. Alors que les modèles nouvellement homologués devront aussi intégrer une zone d’impact étendue en cas de choc avec la tête d’un piéton, afin de réduire le risque de blessure. Le reste des véhicules neufs aura, lui, jusqu’au 7 juillet 2026 pour s’adapter à cette dernière exigence. GSR 2 pourrait donc encore engendrer une nouvelle salve de fins de carrière précipitées dans les catalogues de certains constructeurs d’ici à deux ans. Un rapport d’évaluation est toutefois prévu au plus tard le 7 juillet 2027 afin de s’assurer que ces mesures ont été efficaces et bien acceptées.
Le calendrier des nouveautés du règlement GSR 2
Pour voir le détails des équipements obligatoires
Date : 01/03/2024
Auteur : L’ARGUS
