La technologie RFID d’identification des pneumatiques bientôt obligatoire en Europe ?

La technologie RFID d’identification des pneumatiques bientôt obligatoire en Europe ?

Par le biais de la réglementation ESPR (Ecodesign for Sustainable Products Regulation), l’Union européenne veut imposer un passeport numérique des produits (DPP) afin de pouvoir les identifier tout le long de leur cycle de vie. Dans l’automobile, les batteries sont les premières concernées mais les pneumatiques ne sont pas en reste. C’est là que la technologie RFID intervient. 

Les puces RFID (Radio Frequency Identification) ne sont pas nouvelles. Les magasins Decathlon les ont progressivement adoptées à partir de 2010, jusqu’à leur généralisation complète dès l’été 2014. Ces étiquettes radiofréquences équipent ainsi tous les produits vendus par l’enseigne. Elles servent à la fois d’identifiant et de solution antivol. Dans l’univers du pneumatique, Michelin fait figure de pionnier. Le manufacturier tricolore a commencé à plancher sur le sujet à peu près à la même période. Souhaitant permettre sa généralisation, Michelin n’a pas hésité à partager librement ses brevets avec ses concurrents dès juillet 2013. La technologie RFID est désormais utilisée de concert par BridgestoneContinentalPirelli et Goodyear. Tous l’apposent sur un nombre croissant de pneumatiques, permettant leur identification tout du long du cycle de vie de la monture.

Une puce d’identification fiable et sans batterie

Aujourd’hui, l’ensemble des pneus Michelin pour poids lourds disposent d’une puce RFID. Les nouveaux modèles conçus pour les véhicules légers l’adoptent également. Même les constructeurs s’y mettent : Stellantis, Honda, Mercedes-Benz, Jaguar-Land-Rover ou encore Ferrari. Le plus en avance sur le sujet n’est autre que Volvo, qui avec Polestar impose la présence de puces RFID sur ses pneus montés en première monte. Cette technologie est la seule assurant l’identification d’un produit de sa fabrication jusqu’à sa destruction. Elle n’a pas besoin de batterie et seul un lecteur de fréquence radio UHF est nécessaire pour décrypter la puce. Cette dernière embarque un tag et un code-barres GS1, dont les informations sont ensuite transférées sur un cloud. Cela fait une dizaine d’années que les premiers pneus ont reçu du RFID et aucun problème n’a été répertorié. La puce peut être lue peu importe l’état du caoutchouc et il n’y a pas de risque d’erreur.

Un cloud commun aux grands manufacturiers

Les cinq principaux manufacturiers se sont ainsi entendus pour fonder l’association internationale Global Data Service Organisation (GDSO) il y a deux ans afin de stocker et d’accéder facilement aux données de chaque pneu équipé. Positionnée dans le flanc, la puce n’impose pas de changement dans l’ergonomie du pneumatique mais elle améliore les flux entre le lieu de fabrication et de livraison. Ce qui explique pourquoi certains professionnels du rechapage ou de la logistique sont prêts à investir plusieurs milliers d’euros dans des portiques à lecture de fréquence radio. Les données inscrites dans une puce RFID y sont gravées à vie mais il convient de les modifier en cas de rechapage. Le manufacturier reste le seul à pouvoir faire une telle modification, ce qui aura assurément un coût pour le rechapeur.

Une législation européenne prochainement appliquée

Les pneumaticiens ont pris leur temps avant de suivre Michelin, mais tout s’est accéléré dans les dernières années. Continental a ainsi lancé la fabrication de ses montures avec RFID en début d’année 2021. Les principaux manufacturiers ont depuis passé le pas. Se positionnant volontairement en porte-parole du secteur, Michelin était présent début juin aux cinquièmes Rencontres Pneu & Innovation pour rappeler que l’intégration de cette puce devrait bientôt être une norme internationale. De fait, l’Union européenne a mis au point la réglementation ESPR (Ecodesign for Sustainable Products Regulation) comprenant un passeport numérique des produits (DPP) qui concernera l’industrie textile, la construction, l’électronique et bien sûr, l’automobile. Le but étant de garantir l’identification des produits et de les rendre ainsi plus durables et circulaires. La technologie RFID dans les pneumatiques répond parfaitement à cette problématique.

Toujours aux dernières Rencontres Pneu & Innovation, le spécialiste du recyclage des pneus usagés Aliapur livrait son analyse des bienfaits de la RFID pour la filière. La lecture du code-barres permet de connaître les informations précises de chaque produit tout en réduisant la manutention. Cela permet également de retrouver plus facilement le second pneu lié au produit – les montures étant généralement fabriquées par paire. Les données intégrées dans la puce sont très utiles pour la circularité puisqu’elles permettent d’indiquer si un pneu nécessite un travail de valorisation différent, comme lorsqu’il est fabriqué avec du gel pouvant abîmer les broyeuses. Autre exemple, la lecture du RFID permet de savoir si un pneu a été fabriqué avec des matières qui auraient été interdites à court ou long terme. Le passeport numérique des produits devant rentrer en vigueur avant la fin de la décennie, il convient pour les manufacturiers de l’anticiper.

Source : Décision Atelier – Afermarket

Date : 10/06/2024

Auteur : Jérémy Lequatre-Garat

Partager cette publication

VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS SUR LES NOUVEAUTES VIRTUAL CRASH ?

Lisez notre newsletter pour le lancement de la V5